Vannes, la défaite de trop ? Le Stade Français en mode survie, Montpellier en feu, Delpy bluffant : ce qu’il ne fallait pas manquer du week-end

Publié le 06/01/2025
Louis

Le RC Vannes, s’est une nouvelle fois incliné à domicile, contre Clermont (19-20). Les Bretons, qui ont parfois multiplié les mauvais choix tactiques, privilégiant les pénaltouches aux pénalités, restent scotchés en bas de classement, et voient l’écart s’accroître avec leurs concurrents directs. Le Stade Français, lui, après une déculottée subie à Jean Bouin contre Bordeaux-Bègles (19-46), doit se résoudre à jouer le maintien. Les Parisiens sont désormais en mission commando pour sauver le club. Toulouse, avec sa classe biberon, s’est incliné d’un cheveu à La Rochelle (22-19). Valentin Delpy, ouvreur de la formation haut-garonnaise, a particulièrement attiré notre attention. Enfin, le MHR, qui a corrigé l’Aviron Bayonnais (42-10), est peut-être la meilleure équipe de Top 14 actuellement. Retour sur les moments chauds du week-end.

Vannes, des choix douteux, la défaite de trop ?

Le RC Vannes, s’est une nouvelle fois incliné sur sa pelouse de La Rabine ce dimanche soir. Cette fois-ci, ce fut face à Clermont, sur la plus petite des marges (19-20). Un nouveau revers frustrant, ô combien rageant, mais qui souffre presque d’une logique implacable. La dure loi du haut niveau.

À l’instar de son match contre l’UBB, les Bretons se sont jetés à tombeau ouvert dans la partie, menant rapidement 7-0 grâce à un essai conclu en bout de ligne par Camou. Les hommes de Jean-Noël Spitzer, n’ont jamais relâché leur étreinte durant ces vingt premières minutes, au point de faire vaciller l’édifice auvergnat, qui a sacrément plié, mais jamais rompu. Et comme ce fut souvent le cas depuis le début de saison, les visiteurs ont laissé passer l’orage, avant de reprendre peu à peu les commandes de la partie, face à des locaux qui ont fini par s’essouffler, irrémédiablement. Par Montagne au cours du premier acte, et Newsome en seconde période, les Jaunards ont franchi à deux reprises la ligne vannetaise pour s’adjuger donc un succès, qui les relance, après ce dernier revers à domicile contre Montpellier. Les pensionnaires de La Rabine, eux, par la botte de Lafage, ont longtemps cru à un succès. Finalement, ils échouent à un point. « Je reste persuadé qu’en seconde période on a toutes les cartouches pour passer devant, mais on les loupe », déclarait le marqueur Romaric Camou à l’issue du match en conférence de presse. Avant de conclure : « On doit passer devant, on doit gagner ce match ».

Malheureusement, au vu de la partie, il est difficile de remettre en cause le résultat. Certes, les Vannetais ont été vaillants au possible, ont déployé un rugby alléchant par séquence et auraient pu l’emporter sur la dernière action. Mais les Clermontois, ont fait preuve de pragmatisme. Quand les Vannetais galéraient pour inscrire des points, les Clermontois franchissaient la ligne adverse trop facilement. Preuve d’un certain écart entre les deux formations. Mais surtout, les protégés d’Urios, ont respecté le rugby. À l’inverse des coéquipiers de Francisco Gorrisen. Les mots peuvent paraître durs. Mais lorsque des points se présentent, notamment au vu de l’urgence de résultats, il ne faut pas hésiter à prendre les pénalités au profit des pénaltouches. Les Vannetais se sont obstinés à aller en touche, et ont, quasiment à chaque fois, perdu la gonfle. Et ce n’est pas que sur ce seul match que cela s’est passé. Et les fois où les Bretons ont réussi a gagné leurs lancers, ils furent contrés par la très bonne défense clermontoise sur ballon porté.

Autant dire, qu’il est compliqué de s’imposer quand on ne prend pas les points lorsque ceux-ci se présentent. Avec ce revers, Vannes reste dernier, à sept points du Stade Français, treizième. Cette défaite entérine-t-elle les espoirs de maintien ? Pas totalement, mais les chances de rester dans l’élite l’an prochain s’amenuisent. La réception du Stade Français lors de la prochaine journée, équipe aussi en proie au doute et qui voudra assurer son maintien, sera décisive. Une défaite face à un concurrent direct et ce sera terminé. Une victoire et tout peut être relancé. Au moins pour accrocher la treizième place, synonyme de barrage. Romaric Camou ne s’y trompait pas : « Le prochain match c’est le Stade Français, on sait que c’est un match charnière. On nous dit qu’on n’est plus maître de notre destin mais on verra. C’est sûr que dans trois semaines, si on ne gagne pas, ça va être très compliqué. C’est beaucoup de déception ce soir mais on y croît ».

Paris battu par les flots ? Blin à la rescousse

Laurent Labit, affirmait pour Sud Radio, avant cette rencontre contre l’Union Bordeaux-Bègles, malgré la dure vérité du terrain et une situation comptable compliquée, que l’objectif « était toujours de se qualifier dans les six ». Un discours de façade, comme pour s’auto-persuader que le Stade Français, deuxième club le plus titré du rugby français, jouait encore dans la cour des grands cette saison, après un dernier exercice réussi ? Toujours est-il qu’au soir de cette quatorzième journée de Top 14, le directeur du rugby du club parisien a déchanté et revu, obligatoirement, ses objectifs à la baisse. « C’est un sentiment de honte », déclarait-il en conférence de presse. « Aujourd’hui, on joue comme une petite équipe, on est arbitré comme une petite équipe et on se comporte comme une petite équipe. […] Aujourd’hui, c’est un sentiment de honte qui prédomine par rapport à l’histoire du club, vis-à-vis de nos partenaires, de notre actionnaire principal ou de nos supporters. Chacun doit en avoir conscience et doit se regarder dans le miroir, du manager que je suis jusqu’au dernier joueur de l’effectif

Désormais, il y a danger. Le Stade Français Paris a lourdement chuté contre plus fort que lui (19-46), dans un Jean Bouin désabusé. Outre la claque reçue, c’est l’urgence au classement. Avant-derniers, les Parisiens vont se déplacer à Vannes lors de la prochaine journée. Et une défaite pourrait plonger le club dans un marasme sans précédent. Sur le papier, l’effectif parisien est plus qualitatif que des Perpignan, Pau ou Vannes. Sauf que cette équipe n’était pas préparée à se battre pour sa survie. Samedi, Carbonel, a une nouvelle fois déchanté. Marchant, Weber ou Nicotera ne font pas honneur à leur statut d’internationaux. Seuls Barré et Chapuis ont essayé de sortir la tête de l’eau. Ce lundi, le club annonçait l’arrivée de Matthieu Blin comme consultant de la mêlée. Le début d’un énième déclic ?

Delpy a répondu présent

Le Stade Toulousain a de la ressource. À la Rochelle, avec une pléiade de joueurs espoirs, les Haut-Garonnais ont failli décrocher un improbable nul, avant qu’Hastoy, sur la sirène, ne crucifie la jeune garde toulousaine d’une pénalité, suite à une faute de Paul Costes. Au milieu des Daroque, Alary, Hawkes ou Tolofua, un joueur a particulièrement tiré son épingle du jeu. Lui ? C’est Valentin Delpy. Âgé d’à peine 21 ans (1m85-89kg), le tout jeune demi d’ouverture formé à Pamiers, promis à un avenir radieux, a sorti une performance XXL sur la pelouse de Deflandre, sous les yeux médusés des supporters rochelais.

En première période, il a géré le match d’une main de maître et a notamment trouvé un sublime 50-22, qui a amené une pénalité. Au pied, il s’est montré infaillible, et a laissé son équipe dans le coup lorsqu’elle était en souffrance. Un 4/4 et surtout, le clou du spectacle en fin de match. Un drop, plein de sang froid, à quelques minutes du trille final, qui a permis à Toulouse de recoller au score (19-19). À ce moment-là, on pensait que la jeune garde stadiste allait décrocher un nul mérité. Une dernière faute a eu raison de leurs espoirs. Mais l’essentiel était ailleurs. Ils ont pris rendez-vous avec l’avenir. Et Delpy, que l’on reverra sûrement très vite sur les pelouses de Top 14, aussi.

Montpellier est en feu

Et si Montpellier était l’équipe du moment ? Au milieu de ces mastodontes en crise, que sont le LOU, le Stade Français ou le Racing, ce dernier s’étant séparé de Camille Chat, le MHR vient d’enchaîner, toutes compétitions confondues, sa septième victoire en neuf matchs, la cinquième consécutive ! Juste fou. Samedi, les Cistes ont étrillé Bayonne, pourtant formation en forme du moment (42-10). Portés par un Yacouba Camara en feu, les Héraultais, après un début de saison compliqué, sur la mauvaise lancée de l’année dernière, sont désormais une réelle menace pour le Top 6.

Septièmes à seulement deux points de La Rochelle, les Montpelliérains peuvent rêver grand. La formule Joan Caudullo semble enfin être acquise et le MHR, est sûrement, à l’heure de l’écriture de ces lignes, l’une des meilleures équipes de notre championnat. Et ça, personne ne l’aurait imaginé il y a encore quelques semaines.