Santé mentale et après-rugby, le témoignage poignant de Capò Ortega et son nouveau combat

Publié le 12/11/2025
Tistou

Ancien cadre du Castres Olympique, Rodrigo Capo Ortega a connu les sommets du Top 14. Mais après sa retraite, c’est la chute libre. Dépression, solitude, idées noires : l’ex-deuxième ligne uruguayen raconte sa descente aux enfers. Aujourd’hui, il veut briser le silence autour du mal-être des anciens joueurs.

En bref

  • Capo Ortega a sombré après sa retraite : Il évoque une dépression sévère, des pensées noires, et une perte totale de repères
  • Il alerte sur le vide après une carrière pro : L’arrêt brutal, sans cadre ni objectif, l’a poussé dans une spirale mentale dangereuse
  • Il agit désormais auprès des jeunes : Il intervient dans les clubs pour les préparer à l’après-carrière et libérer la parole
  • La LNR commence à bouger sur le sujet : Une mission est en cours pour repenser l’accompagnement des joueurs, pendant et après leur carrière

« J’ai failli couler » : un après-rugby brutal et silencieux

Capo Ortega a raccroché les crampons en 2020, après deux Brennus et plus de 400 matchs avec Castres. Il pensait tourner la page tranquillement. Résultat : isolement, crises d’angoisse, noir total. « J’étais en train de me noyer. J’ai cru que j’allais y rester », lâche-t-il devant les caméras de Canal + et son émission mensuelle de spécialistes de la santé et du sport La Clinique du Sport .

Ce n’est pas une histoire de reconversion ratée ou de regrets sportifs. C’est un choc mental, une chute violente une fois sorti du cocon pro. « Tu passes de l’adrénaline tous les week-ends à… rien. Tu te lèves, tu ne sais pas quoi faire. »

Une dépression longtemps cachée

Comme beaucoup d’anciens joueurs, il n’a rien dit. Trop de fierté, trop de pudeur, et un sport où on ne parle pas de ça. Il a tout gardé pour lui, jusqu’à l’épuisement. « J’étais perdu. Ma femme m’a dit un jour : “Je ne te reconnais plus.” » Il a touché le fond, sans jamais imaginer que ça puisse lui arriver.

Ce qui l’a sauvé ? Sa famille. « J’ai eu la chance d’avoir ma femme et mes enfants à mes côtés. Mais tout le monde n’a pas ça. » C’est ce constat qui l’a poussé à sortir du silence.

Un nouveau combat : aider ceux qui arrivent derrière

Aujourd’hui, Capo ne veut plus se taire. Il intervient dans les clubs, discute avec les jeunes, raconte sans filtre ce qu’il a traversé. « Si je peux éviter à un seul gars de passer par là, c’est gagné », dit-il.

Pas de leçon, pas de morale. Juste un constat : on prépare les joueurs à performer, jamais à s’arrêter. Et quand le rideau tombe, il reste quoi ? Trop souvent, le vide.

Le rugby français commence à réagir

Le sujet a longtemps été mis de côté. Mais la LNR a lancé en 2025 une mission sur la santé mentale des joueurs pros. Objectif : faire bouger les lignes, créer un vrai cadre pour l’après-carrière, et intégrer le suivi psy comme un élément normal du parcours.

Des figures comme Laurent Bénézech ou Jean-Marc Manducher bossent sur le dossier. Des premiers retours montrent que le malaise est loin d’être isolé. Douleurs chroniques, alcool, isolement : beaucoup d’ex-joueurs galèrent, parfois en silence.

Un tabou qui commence à sauter

Capo Ortega n’est pas un cas à part. Il est juste l’un des premiers à avoir osé parler fort. Et à en faire quelque chose. Depuis ses prises de parole, d’autres anciens pros commencent eux aussi à briser l’omerta. C’est lent, mais c’est en route.

Il ne cherche pas à faire le buzz, ni à régler des comptes. Il veut juste qu’on arrête de faire comme si tout allait bien après la dernière mêlée. Parce que non, tout ne va pas bien.

Tistou

J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO