La 5e journée du Top 14 a livré une série de matches riches en contrastes et en symboles. Clermont a atomisé Montauban (84-31) dans un match record, Toulon a confirmé sa montée en puissance face à Pau (33-17), le Stade Français s’est imposé avec autorité à Perpignan (28-11), et Castres a renversé le Racing 92 (20-16) au bout du suspense.
Pendant que Paris prend la tête du classement, Montauban et Perpignan s’enlisent, déjà distancés dans la course au maintien.
En bref
- Clermont impitoyable (84-31) : les Auvergnats ont passé douze essais à Montauban dans un récital offensif, porté par le retour de Joris Jurand.
- Toulon solide face à Pau (33-17) : les Varois décrochent un bonus offensif mérité grâce à un jeu précis et des individualités inspirées.
- Le Stade Français s’installe (28-11) : victoire nette à Perpignan, où Paris prend le large tandis que l’USAP reste scotchée à zéro point.
- Castres héroïque (20-16) : un essai à la sirène de Papali’i fait chavirer Pierre-Fabre et plonge le Racing dans le doute.
Clermont en feu, Montauban submergé
À Marcel-Michelin, on a retrouvé le Clermont flamboyant des grandes années. L’ASM a transformé son match contre Montauban en un véritable feu d’artifice : 84 points marqués, douze essais, onze marqueurs différents et un public conquis.
Dès la cinquième minute, les Auvergnats menaient déjà 14-0. Le jeu rapide autour des rucks, la puissance des avants et la fluidité des transmissions ont rendu la défense montalbanaise impuissante. Joris Jurand, de retour après dix mois d’absence, s’est offert un doublé plein d’émotion, dans une équipe où tout le monde a brillé.
Seules petites ombres au tableau : quelques pénalités évitables et quatre essais encaissés, anecdotiques mais révélateurs d’une défense encore perfectible. Reste que Clermont a frappé fort. Très fort. Une prestation qui le replace solidement dans la course au top 6.
Toulon retrouve le rythme et la précision
À Mayol, le RCT a signé un match plein de maîtrise face à une Section Paloise ambitieuse mais trop brouillonne. Les hommes de Pierre Mignoni ont mis un quart d’heure à se caler avant d’imposer leur tempo. Le premier essai, signé Rayan Rebbadj (16e), est venu d’une inspiration géniale de Baptiste Serin, toujours aussi juste au pied et dans le tempo.
Esteban Abadie (28e) a doublé la mise après un gros travail collectif, alors que Pau peinait à contenir la puissance varoise. Réduite à treize avant la pause, la Section a plié.
Au retour des vestiaires, Frisch (41e), Ribbans (45e) et Ma’a Nonu (55e) ont tué tout suspense. Malgré une fin de match moins tranchante, Toulon a conservé son bonus offensif. 33-17, une victoire propre et pleine d’assurance. Serin, Ribbans et Nonu ont été les fers de lance d’une équipe désormais bien en place.
Montpellier fait tomber La Rochelle
Fin de série pour le Stade Rochelais. En déplacement à Montpellier, les Maritimes ont pris l’eau (37-13). Les Héraultais ont dominé dans tous les secteurs, étouffant leurs adversaires dans les rucks et la conquête.
Les Rochelais, souvent stoppés dans leurs relances, n’ont jamais réussi à imposer leur jeu. Quatre essais encaissés, un seul marqué : la marche était trop haute.
Grégory Alldritt et ses coéquipiers ont subi l’intensité d’un Montpellier retrouvé, plus discipliné et plus agressif. Cette défaite relance les Héraultais et rappelle les limites rochelaises loin de Deflandre.
Le club maritime, encore en rodage, devra réagir dès son déplacement à Paris.
L’UBB, le show Bielle-Biarrey pour une victoire convaincante
Devant un Chaban-Delmas bouillant, l’Union Bordeaux-Bègles a retrouvé le sourire en s’imposant face à Lyon (32-20). Le match a démarré à cent à l’heure : Lamothe (2e), Depoortère (7e) et Bielle-Biarrey (17e) ont rapidement mis Bordeaux sur orbite.
Malgré un retour du LOU, l’UBB a fait la différence en fin de match grâce à deux éclairs : Rayasi (68e) sur un service au pied parfait de Jalibert, puis un essai d’anthologie de Bielle-Biarrey (74e), parti de ses 22 mètres pour un sprint de 70 mètres.
Le jeune ailier international, auteur d’un doublé, a confirmé sa forme exceptionnelle. Matthieu Jalibert, malgré un carton jaune, a été omniprésent dans l’animation.
L’UBB, solide et inspirée, a retrouvé son efficacité et reste invaincue à domicile. Ce succès relance clairement les Girondins dans la course aux places de barrage.
Paris pragmatique, Perpignan impuissant
À Aimé-Giral, le Stade Français n’a pas eu à forcer son talent pour battre Perpignan (28-11). Le scénario s’est répété trois fois en première période : une combinaison simple, une défense catalane désorganisée et un essai parisien. Ward (2e, 35e) et Nene (13e) ont plié le match en trente minutes.
L’USAP, déboussolée, n’a jamais trouvé de cohérence. Les maladresses se sont multipliées, les fautes aussi. Trop nerveux, à l’image de Sama Malolo, les Sang et Or ont offert des ballons faciles à exploiter à une équipe parisienne clinique.
Le sursaut est venu d’une contre-attaque éclair conclue par Buliruarua (42e), mais Paris a repris la main aussitôt. Léo Barré (60e) a ajouté l’essai du bonus offensif et confirmé la domination des siens.
Avec trois victoires en cinq matchs, Paris prend la tête du championnat, quand Perpignan s’enfonce dans la tourmente. Cinq matchs, cinq défaites, zéro point : le public a sifflé, et Franck Azéma n’a pas caché son désarroi.
Castres, la rage et la dernière seconde
Le Castres Olympique a offert une fin de match dantesque face au Racing 92. Mené 6-16 après un essai de Habosi, Castres n’a jamais abdiqué. Sous la pluie, dans une partie hachée, les Tarnais ont d’abord réduit l’écart par Colonna (73e) avant de crucifier les Franciliens sur la dernière action.
L’essai d’Abraham Papali’i, après une série de pick and go furieux, a fait exploser le stade Pierre-Fabre. 20-16, victoire à l’arraché, symbole d’une équipe qui refuse de lâcher.
Le Racing, dominateur sans efficacité, a payé ses erreurs et repart frustré. Castres, lui, prend un grand bol d’air et retrouve son caractère.
Bayonne renverse Toulouse et prend la tête
Devant un Jean-Dauger en fusion, Bayonne a offert l’un des plus beaux spectacles du week-end. Opposés au Stade Toulousain, les Basques ont d’abord résisté avant de tout renverser dans les vingt dernières minutes pour s’imposer 40-26.
La rencontre avait démarré fort, Lebel répondant à Segonds pour Toulouse, avant qu’Iturria ne marque le premier essai basque (10-5, 14e). Le duel a longtemps été équilibré, chaque équipe répondant coup pour coup. À la pause, les deux formations étaient à égalité (16-16).
Mais le second acte a tourné à la fête bayonnaise. Après un essai de Colombe pour Toulouse (21-26, 54e), l’Aviron a terminé en trombe : Capilla (70e), Tiberghien (74e) et Spring (80e) ont crucifié les champions de France.
Portés par une ambiance incroyable et une conquête dominatrice, les hommes de Grégory Patat restent invincibles à domicile et s’emparent seuls de la tête du classement. Toulouse, trop inconstant et maladroit en touche, devra se reprendre face à l’UBB la semaine prochaine.
Montauban et Perpignan déjà au bord du gouffre
Le constat devient difficile à ignorer : après cinq journées, Perpignan et Montauban paraissent déjà décrochés. L’USAP, lanterne rouge, n’a toujours pas marqué le moindre point. Le promu montalbanais, lui, a encaissé 249 points et 36 essais, dont 84 à Clermont. Des chiffres vertigineux qui rappellent la saison noire d’Agen en 2020-2021.
Un haut de tableau qui se resserre
Devant, le rythme s’accélère. Le Stade Français mène la danse, talonné par Toulon, Clermont, Toulouse et Bordeaux. Ces cinq clubs semblent déjà installés dans une dynamique claire, avec un jeu plus structuré et une profondeur d’effectif évidente.
Le championnat s’équilibre peu à peu, mais la fracture entre le haut et le bas du tableau est déjà visible. Entre les ambitions retrouvées de Clermont, la solidité toulonnaise et la maîtrise parisienne, la saison s’annonce animée.
Dans le bas, le temps commence à presser. Pour Perpignan et Montauban, il va falloir trouver des réponses très vite. Car après cinq journées, la lutte pour la survie ressemble déjà à une course à deux.
J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO

