Dans un Top 14 plus ouvert que jamais, chaque match devient une pièce sur l’échiquier du printemps. La 23e journée, disputée ce week-end, a multiplié les scénarios renversants, les décisions contestées, les réveils tardifs et les craquages au pire moment. Une grille de lecture idéale pour comprendre ce qui attend les clubs dans les trois dernières journées. Tour d’horizon, au-delà des simples résultats.
Toulouse déroule, Toulon s’effondre : les extrêmes du haut de tableau
Il y avait tout dans le match entre Toulon et Toulouse au Vélodrome : la ferveur, la foule (plus de 66 000 spectateurs), les cartons, les retournements… mais un seul sens à l’arrivée. Toulouse a humilié le RCT (16-50), avec une deuxième mi-temps à sens unique et huit essais inscrits, tous par des joueurs différents.
Ce match dit beaucoup. Il consacre Toulouse comme patron incontestable, avec une profondeur d’effectif et une fluidité collective qui lui assurent déjà la demi-finale directe. En face, Toulon paie une indiscipline chronique (14 pénalités, 3 cartons) et un manque de maitrise dans les temps faibles. Ce revers, le plus lourd concédé à domicile depuis des années, pourrait coûter très cher. Le top 2 s’éloigne, et le barrage à domicile n’est même plus garanti.
À l’arraché, en contre ou au courage : trois victoires qui peuvent tout changer
Trois matchs ont basculé dans les cinq dernières minutes. Trois victoires qui, sur le moment, semblent anecdotiques. Mais dans trois semaines, elles pourraient faire toute la différence :
- Pau s’impose à Lyon (27-29) grâce à une pénalité tardive de Thibault Daubagna. Face à un LOU qui avait fait tourner pour sa finale de Challenge Cup, les Palois ont failli tout gâcher après avoir mené de 16 points. Mais ils repartent avec 4 points cruciaux, et la tête toujours tournée vers le top 6.
- La Rochelle crucifie Vannes (29-30) sur un drop monumental d’Antoine Hastoy après la sirène. Le champion d’Europe en titre reste dans la course, malgré un match compliqué. Ce genre de victoire, sortie d’un geste d’ouvreur, peut servir d’électrochoc.
- À Perpignan, l’USAP arrache la victoire sur une pénalité de Tommaso Allan (75e), renverse le Stade Français et quitte la zone rouge. L’USAP ne joue peut-être pas toujours juste, mais elle joue avec le cœur. Et ça fait parfois la différence.
Des égalités qui figent ou qui relancent : Racing et Bayonne, deux lectures d’un nul
À Nanterre, le Racing 92 et Bayonne n’ont pas su se départager (24-24), mais l’ambiance était ailleurs. Une minute d’applaudissements en mémoire de Josaia Raisuqe, puis un essai plein d’émotion de Josua Tuisova pour son ami disparu. Ce match avait un supplément d’âme.
Sportivement, le Racing prend deux points précieux pour le maintien, mais laisse filer une occasion de frapper fort. Bayonne, malgré un Joris Segonds inspiré mais malheureux (drop marqué mais pénalité de la gagne manquée), se stabilise dans le top 6. Ce nul, chacun peut le lire comme il veut.
Montpellier, la fusée inattendue qui débarque dans le top 6
Il fallait les voir, ces Montpelliérains, dimanche soir, envoyer six essais à une UBB venue avec une équipe largement remaniée. Score final : 46-27, bonus offensif, et surtout, place dans le top 6 pour la première fois de la saison.
Montpellier, c’est le projet qui a mis du temps à se relancer après son titre de 2022. Mais avec Anthony Bouthier à la baguette et Maël Moustin en feu contre son ancien club, le MHR est en train de revenir au meilleur moment. Bordeaux, qui pensait pouvoir gérer ce déplacement en mode économie, a peut-être sous-estimé l’urgence.
Un classement en trompe-l’œil, un suspense total
On a l’impression que les choses se précisent. Mais en réalité, tout est encore ouvert. Toulouse est intouchable devant (84 points, demi-finale validée). Derrière, Bordeaux (69) et Toulon (67) vont jouer très gros lors de leur affrontement direct en 25e journée. Le vainqueur aura la deuxième place dans le viseur.
Mais le plus fascinant, c’est ce peloton de poursuivants entre la 4e et la 11e place. Bayonne, Castres, Montpellier, La Rochelle, Lyon, Clermont, Pau, Racing : huit clubs se tiennent en 13 points, tous peuvent viser un barrage… ou finir 9e.
Et puis il y a le bas. Trois clubs, trois histoires :
- Perpignan (40 pts) sort enfin la tête de l’eau ;
- Paris (37 pts), en chute libre, est désormais barragiste ;
- Vannes (36 pts), malgré son bonus contre La Rochelle, reste dernier.
Le Stade Français – Vannes prévu lors de la 26e journée pourrait valoir une saison entière.
Le calendrier va devenir un piège
Le report du match Castres – Clermont, prévu pour le 24 mai, fausse un peu les lectures. Le CO, encore 5e avec un match en moins, aura un mois de mai ultra chargé. S’il passe, il peut viser un barrage à domicile. S’il craque, la saison peut basculer.
Tout ça avec un œil sur les confrontations directes à venir : Toulon – UBB, Montpellier – Pau, La Rochelle – Lyon, Vannes – Paris. Autant de face-à-face qui feront ou déferont les parcours.
Les scénarios sont nombreux, les dynamiques parfois fragiles, et la moindre décision arbitrale, comme celle qui a privé Lyon d’une dernière pénalité contre Pau, peut tout changer. Cette 23e journée n’a pas dessiné le tableau final, mais elle a placé toutes les pièces. Reste à voir qui saura jouer juste au bon moment.
J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO