Ntamack, mauvais perdant ou vrai compétiteur ?

Publié le 06/05/2025
Louis

Forcément, les paroles, la mauvaise foi de Romain Ntamack au micro de France 2 hier, nous ont rappelé ces images lors de la demi-finale perdue contre Castres, en juin 2022.

Alors en course pour glaner un titre de champion de France, le Stade Toulousain s’incline face à un CO en état de grâce. À la fin de la partie, Ntamack frustré, regagne les vestiaires sans serrer la main de ses adversaires du soir. L’image fait le tour des réseaux sociaux et la toile s’enflamme, reprochant un manque de classe au demi d’ouverture haut-garonnais et un ego surdimensionné. L’histoire retiendra que ce dernier, une fois la déception surmontée, reviendra sur la pelouse pour saluer les Castrais. Une polémique rapidement effacée mais qui a tout de même révélé une face inconnue du talentueux joueur.

Une haine de la défaite

Cet épisode avait confirmé cette haine de la défaite qui habite l’international tricolore mais aussi cette difficulté à accepter l’échec pour une équipe qui ne l’a que trop peu connu ces dernières années. Et ce dimanche, il a remis le couvert après le revers survenu contre l’UBB au micro de France 2 : « Non, je ne suis pas d’accord, l’UBB n’était pas au-dessus. Ils sont hyper réalistes, à chaque fois qu’ils viennent dans notre camp, ils marquent […] Ils sont loin d’être au-dessus de nous mais aujourd’hui ils ont été plus beaucoup réalistes que nous ».

Des paroles qui ont forcément interrogé. Si dans les chiffres, Romain Ntamack n’a pas vraiment tort, l’UBB se montrant beaucoup plus clinique à l’approche des lignes de marque adverses, force est de constater que les Girondins ont tout de même bien dominé la rencontre, plus inspirés offensivement, très sûrs dans le fond du terrain et impériaux en défense. Même la mêlée, un temps chahutée, a su rivaliser en seconde période. Sur l’ensemble du match, le constat reste implacable : les hommes de Yannick Bru méritent leur succès.

Et à l’instar de la rencontre face à Castres il y a trois ans, le fils d’Emile, est revenu un peu sur ses propos en conférence de presse. S’il a réitéré sa certitude que l’UBB n’était pas forcément meilleure, il a néanmoins reconnu la valeur de l’équipe girondine : « Je n’ai pas l’impression d’être complètement dépassé par cette équipe de Bordeaux, ils récupèrent des ballons clés à des moments clés et c’est ce qui nous y met dedans […] On peut être fier de nous car on est tombé sur une belle équipe de Bordeaux et personne n’a rien lâché. »

Mauvais perdant, vraiment ?

Viennent donc désormais les innombrables débats. Romain Ntamack a-t-il un côté mauvais perdant, a-t-il été blessé dans son égo après cette défaite ? Oui, à n’en pas douter. De là en faire une grosse polémique, cela n’est pas forcément nécessaire. Encore moins, de le lyncher violemment sur les réseaux sociaux. Il est clair que ce dernier, battu également dans son duel face à un Matthieu Jalibert injouable lorsqu’il évolue à ce niveau, a eu du mal à encaisser le revers. Certains de ses coéquipiers se montrent plus classe il est vrai, mais Ntamack a une fois de plus dévoilé un côté de lui humain, loin des discours aseptisés.

Il est aussi important de remettre les choses dans leur contexte. Le demi d’ouverture a réagi à chaud, seulement quelques minutes après le coup de sifflet final. Nul doute qu’aujourd’hui, avec le recul nécessaire, la vidéo du match visionnée, son discours pourrait varier. Cela montre aussi à quel point, malgré la période délicate qu’il traverse actuellement, Romain Ntamack déteste la défaite. Et cela reste la force des grands champions. On peut aussi se demander si ses dernières performances ne l’irritent pas. C’est un fait, aujourd’hui, Romain Ntamack n’est pas forcément au niveau qu’on lui a connu. L’absence de Dupont peut y jouer mais il est clair que le Toulousain joue diminué, sûrement à cause d’un genou encore récalcitrant. Tout cela a pu s’accumuler et engendrer une énorme frustration.

Toujours est-il que s’il est vrai que sa réaction, manquant d’humilité, fut un poil déplacée envers une UBB impériale ce dimanche, elle n’est pas non plus choquante. D’autant plus qu’il a reconnu, les qualités des partenaires de Maxime Lucu peu après. Alors fin du débat ? On l’espère.

Biberonné au rugby, tombé malade de ce sport lors de la Coupe du Monde 2003, alors que je savais à peine marcher, je suis le seul sudiste ayant renié le Stade Toulousain pour l’autre Stade… Français. Condamné à souffrir avec mon club de cœur, j’espère vous transmettre mon amour pour la balle ovale à travers XV Ovalie !