Avec Joseph Sua’ali’i, l’Australie a-t-elle trouvé la recette gagnante chez les treizistes ?

Written on 04/12/2024

Incroyable Australie ! Au fond du seau à la fin de l’année 2023, éliminés dès la phase de poule de Coupe du Monde, les Wallabies semblaient dans une spirale négative presque impossible à engluer. Et pourtant, l’arrivée de Joe Schmidt à la tête de la sélection nationale, sûrement l’un des meilleurs entraîneurs du monde à l’heure de l’écriture de ces lignes, a totalement révolutionné le jeu australien.

Après un Rugby Championship très mitigé, le travail du coach néo-zélandais a enfin porté ses fruits cet automne. Une victoire sublime à Twickenham, une déculottée infligée au Pays de Galles, une défaite en Écosse et un nouveau revers étriqué, mais qui aurait pu basculer en faveur des Green and Gold en Irlande. De bon augure, alors que l’Australie accueillera le prochain mondial en 2027. Il s’agira donc d’être prêt pour rivaliser avec les meilleures équipes du globe et retrouver son lustre d’antan. Surtout, les « Aussies » peuvent s’appuyer sur une nouvelle génération et l’apport de « treizistes » comme cela a pu être le cas par le passé.

Joseph Sua’ali’i premier treiziste d’une longue liste ?

On le sait, en Australie, le rugby à XIII est l’un des sports majeurs. Bien loin devant le XV qui souffre de la comparaison et qui n’a rien pu faire face à l’exode de ses talents, partis en NRL. On pense au serial marqueur, Mark Nawaqanitawase ou encore à Carter Gordon. L’objectif pour 2027, sera sûrement de faire revenir ces joueurs et, pourquoi pas, convaincre certains treizistes, de venir garnir l’effectif quinziste. Cela a déjà été le cas par le passé avec les Mat Rogers ou Lote Tuqiri à l’aube de la Coupe du Monde 2003.

C’est dans ce but-là, que la fédération locale est allée chercher Joseph Sua‘ali’i, joueur d’à peine 21 ans, pour une somme absolument démente. Cette dernière a arraché pour trois saisons la jeune star aux Sydney Roosters et Sua’ali’i gagnera, 1,6 million de dollars par an. Un salaire qui fait de lui l’un des joueurs les mieux payés du microcosme rugbystique. Il rejoindra donc les Waratahs pour la saison 2025 de Super Rugby et a déjà fait ses débuts avec les Wallabies, alors qu’il n’avait plus goûté à la discipline quinziste depuis ses années lycées. Doit-on s’attendre à voir d’autres mouvements de ce type dans l’optique de 2027 et l’Australie, ira-t-elle piocher dans son réservoir de treiziste, immensément talentueux, pour venir renforcer sa sélection ? Sûrement.

Sua’ali’i a répondu présent

Si, comme l’a indiqué Joe Schmidt, il n’est pas question de s’enflammer sur le phénomène de 21 ans, celui-ci étant « en train de trouver des repères », force est de constater que sa campagne automnale a pour l’instant donné raison aux instances australiennes. Pour sa première à XV, titularisé au centre contre l’Angleterre à Twickenham, il fut élu homme du match, excusez du peu ! Très à l’aise dans les airs, ses offloads, et sa dextérité balle en main ont impressionné les puristes. Rentré en cours de jeu, puis sorti blessé contre l’Écosse, il fut davantage muselé par la défense irlandaise au cours du dernier test.

Au point que certains se sont demandés si la nouvelle attraction australienne n’avait pas déjà été cernée par ses adversaires. Un avis qu’a décliné Mat Rogers pour la radio SEN, ancien arrière de la sélection qui a, lui aussi, fait la transition du XIII vers le XV : « Il a fait quelques erreurs contre l’Irlande, mais il essaie toujours de s’adapter. Il faut penser à l’année qu’il a eu. Il a joué une saison complète de NRL, il est avec l’équipe depuis quelques semaines et tout d’un coup, il est plongé dans un test match dans probablement la plus grande enceinte du Royaume-Uni où c’est un énorme match là-bas. Il y a une grosse attente et je pense qu’il s’est très bien comporté ». Et Andrew Kellaway, partenaire de Sua’ali’i en sélection, s’est également montré dithyrambique à son égard : « Nous sommes heureux de l’avoir. Joe, il est incroyable, quel professionnel ! »

N’oublions pas non plus, que Tom Wright, sûrement le meilleur arrière de cette tournée d’automne et qui s’affirme comme l’un des plus performants à ce poste, est issu lui aussi du XIII. Alors, certes, il faudra aussi fidéliser certains jeunes au XV. Mais l’Australie semble partie pour s’appuyer sur ce fort vivier de joueurs treiziste. Et tout cela cornaqué par le druide Schmidt, quelque chose nous dit que l’Australie est sur la bonne voie.