Le Biarritz Olympique a retiré, dès le lendemain d’un versement attendu de longue date, 450 000 euros de sa garantie financière, en toute discrétion. Ce retrait vers la holding de Pierre-Édouard Stérin, sans accord de l’A2R, a provoqué une onde de choc dans les couloirs du rugby pro. Les fonds ont depuis été remis… mais la confiance, elle, s’est sérieusement évaporée.
En bref
- 450 000 euros de garantie retirés en douce : L’argent a été viré à la holding de l’actionnaire majoritaire dès le lendemain du versement
- L’A2R découvre l’affaire toute seule : Le club n’avait pas prévenu, contrairement à ce qu’il affirme
- Stérin évoque une “optimisation de trésorerie” : Justification donnée après coup, sous pression
- Un club en pleine restructuration : Gouvernance, finances, image… tout vacille au mauvais moment
Un virement attendu… et déjà reparti
Le 25 septembre, après dix jours de retard, le BO finit par verser la première tranche de sa garantie financière : 945 000 euros, censés rassurer l’Autorité de régulation du rugby (A2R). Cette somme faisait partie d’un plan plus large de 2,7 millions d’euros, exigé pour éviter une relégation administrative.
Mais le 26 septembre, rebelote : 450 000 euros disparaissent du compte du club. Selon plusieurs sources, cette somme est transférée à Odyssée Impact, le fonds du propriétaire Pierre-Édouard Stérin. Le prétexte ? « Faire travailler l’argent ». À ce stade, personne à l’A2R n’est au courant.
Une explication bancale, une A2R furieuse
L’affaire sort grâce à L’Équipe. L’A2R, gendarme financier du rugby, découvre seule cette opération en fouillant les comptes du club. Officiellement, le BO affirme avoir « spontanément » informé l’autorité. Faux. L’A2R n’a rien vu venir, et l’a dit très clairement.
Elle exige immédiatement la restitution des 450 000 euros, ce qui sera fait dans la foulée. Trop tard pour éviter une ouverture d’enquête interne, et surtout, pour entretenir la confiance.
Stérin à la manœuvre, Odyssée en manque de cash ?
À première vue, cette manœuvre s’apparente à un simple aller-retour financier. Mais selon Le Monde, Odyssée Impact souffrirait de sérieuses difficultés de trésorerie. Plusieurs projets ont été mis en pause, d’autres liquidés.
Le Biarritz Olympique, dans lequel Stérin aurait injecté près de 3,5 millions d’euros, semble devenir un puits sans fond. Le milliardaire aurait donc tenté de reprendre un peu d’air, quitte à jouer avec une garantie censée être gelée.
Des dirigeants dans le flou, d’autres en fuite
Cette opération a aussi révélé les tensions internes au club. Le président du conseil de surveillance, Shaun Hegarty, a claqué la porte le 16 octobre, dénonçant des décisions contraires à l’intérêt du club. Selon lui, ce retrait de 450 000 euros lui était inconnu. La direction actuelle conteste cette version, sans plus de preuve.
Cyril Arrosteguy, président du directoire, assure de son côté que tout a été fait dans les règles… ou presque. Didier Poulmaire, avocat chargé de la fiducie où passaient normalement ces garanties, a été mis de côté pour cette opération. Le versement est passé hors circuit habituel, sans transparence.
Gouvernance en chantier, image abîmée
Le BO se trouve désormais au bord d’un nouveau virage institutionnel. Une réforme de la gouvernance est en cours : le modèle directoire/conseil de surveillance devrait céder la place à un conseil d’administration plus classique. Un changement qui pourrait entériner la montée en puissance d’Edward Whalley (Odyssée) ou Jérémy Erlich, l’ex-cadre de Spotify devenu actionnaire minoritaire.
Reste que tout cela tombe très mal. L’A2R doit statuer sur les comptes du club le 21 novembre. Le BO, déjà pénalisé de trois points cette saison pour des erreurs comptables, joue gros. Une récidive serait vue comme une provocation.
Un club qui vacille entre ambitions et bricolages
Le BO vit une époque étrange : ambitieux sur le papier, mais bancal dans l’exécution. Chaque décision, chaque mouvement de fonds semble provoquer un nouveau feu. Cette affaire des 450 000 euros détournés puis recollés à la va-vite n’est qu’un épisode de plus dans une saga qui frôle parfois le surréalisme.
Pas sûr que le club, ses joueurs ou ses supporters aient les nerfs pour continuer longtemps à jongler entre terrain et coulisses.
Source : L’Équipe
J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO

