Jalibert a-t-il retourné le match… et la hiérarchie chez les Bleus ?

Publié le 07/05/2025
Tistou

Face à Toulouse, en demi-finale de Champions Cup, Matthieu Jalibert a sorti un match de patron. Suffisant pour bousculer l’ordre établi avec Ntamack en équipe de France ?

Le match parfait, au moment parfait

Matthieu Jalibert ne pouvait pas choisir meilleur moment pour frapper un grand coup. Dimanche, au Matmut Atlantique, il a régalé dans une demi-finale de très haut niveau face au Stade Toulousain. Résultat : une victoire nette 35-18, une qualification en finale, et un titre d’homme du match sans la moindre contestation.

On l’attendait au tournant, on l’a vu prendre le jeu à son compte avec une sérénité rare. Des prises d’initiatives justes, un pied chirurgical, une gestion du tempo millimétrée… Jalibert a coché toutes les cases. Et il le savait : après une saison en dents de scie, après un Tournoi des Six Nations où il avait glissé jusqu’à la 4e place dans la hiérarchie des ouvreurs, il fallait frapper fort.

« J’ai voulu être fort sur les basiques, sur le plan qu’on avait établi. […] Je pense que j’ai eu très peu de déchets aujourd’hui », a-t-il déclaré après le match dans Sud Ouest. Et d’ajouter : « Peu importe le niveau du numéro 10, si les avants sont dominants, c’est plus facile. »

C’est peu dire qu’il a été solide. Mieux : il a inspiré son équipe, dans un contexte électrique, face à un adversaire qu’ils n’arrivaient plus à battre en phase finale.

Un duel direct avec Ntamack… à sens unique

Le contexte rendait cette prestation encore plus parlante : en face, il y avait Romain Ntamack. Le titulaire des Bleus. Le métronome toulousain. Celui qui, avant sa blessure, avait verrouillé le poste. Sur le papier, un duel. Sur le terrain, une démonstration.

La presse étrangère n’a pas eu besoin de forcer le trait. Pour Planet Rugby, cité par Rugbyrama : « Il a remporté son combat individuel avec Romain Ntamack. Il était clair qu’il était motivé pour ce match. Ses courses et ses coups de pied ont été parfaits. »

Toujours selon Planet Rugby : « Son équipe, affaiblie par les blessures, avait besoin de lui […], mais il a été trop facilement éclipsé par l’excellent Jalibert. »

L’image est forte : Jalibert, flamboyant, en mission, et Ntamack, en retrait, sans réelle emprise sur le match. Et forcément, ça remet la lumière sur un débat qu’on croyait enterré.

Le “problème Jalibert”, encore d’actualité ?

Ce débat, on le connaît par cœur. Jalibert, c’est ce joueur ultra-talentueux qu’on adore voir en club, mais qui n’a jamais vraiment trouvé sa place chez les Bleus. Trop imprévisible ? Pas assez discipliné ? Pas dans le moule ?

À Bordeaux-Bègles, tout est fait pour le mettre en valeur. Du volume, du mouvement, un jeu très offensif. Il s’éclate dans ce cadre-là, comme l’ont souligné les chroniqueurs de Rugbyrama dans leur vidéo post-match : « Jalibert s’épanouit dans ce jeu ultra offensif. »

À l’UBB, il peut prendre des risques, jouer dans la profondeur, s’appuyer sur un pack dominateur et un Maxime Lucu très complice.

En sélection, le registre est différent. Plus fermé, plus stratégique, plus rigoureux. Et c’est là que ça coinçait. Sauf qu’en ce moment, Jalibert ne se contente plus d’être un soliste génial : il mène, il structure, il assume. Et c’est peut-être ça, le vrai tournant.

Un casse-tête pour Galthié ?

Alors, et maintenant ? La question est sur toutes les lèvres : qui débutera à l’ouverture pour la prochaine tournée ? Si Ntamack reste un choix naturel pour Galthié, Jalibert force la porte. Pas avec fracas, mais avec des prestations qui s’enchaînent, qui gagnent en maturité, en régularité.

Il a 26 ans, 35 sélections, et une finale européenne à jouer dans trois semaines. On est loin du gamin fougueux de ses débuts. Il a appris, encaissé, bossé. Et aujourd’hui, il donne l’impression d’être à son meilleur niveau.

Et comme le dit très justement Denis Charvet dans Entre les potos sur RMC Sport : « Jalibert, c’est du très haut niveau. Il a mis Toulouse au supplice. Il a été taille XXL. »

Peut-il détrôner Ntamack ? Ce n’est plus une idée farfelue. Ce n’est même plus une provocation. C’est une question légitime.

Le “problème Jalibert” ? Il a peut-être simplement été mal posé. Et s’il était justement la solution à un XV de France en quête de variété, d’inspiration, de fraîcheur ? Le débat est relancé. Et cette fois, il est ouvert.

J’ai grandi dans une famille où le rugby était de tous les moments. J’étais au bord du terrain quand Castres a battu Pau et a rejoint l’élite, j’étais dans le Stade Pierre Antoine face à Gary Whetton quand il a fait son Haka pour célébrer le Brennus de 1993 et j’ai toujours été bercé des légendes de ce sport. Maintenant, c’est avec XV Ovalie que j’entends prolonger l’aventure. #TeamCO