Reprise de la Champions Cup, La Rochelle-Leinster : une question de suprématie, Kurtley Beale de retour : les informations avant le week-end

Written on 10/01/2025

Trêve en Top 14 ! Ce week-end, c’est le retour de la Champions et Challenge Cup. L’occasion de voir de très belles affiches, notamment celle opposant le Stade Rochelais au Leinster, sûrement l’une des plus grosses rivalités européennes des trois dernières années. Toulouse de son côté, se déplace en Afrique du Sud à Durban pour y défier les Sharks. Une rencontre spéciale tant sur le plan émotionnel, que sur le plan rugbystique. On vous expliquera tout. Gravement blessé à un genou, Anthony Bouthier fera son retour à la compétition ce samedi avec Montpellier, lors de la réception des sud-africains des Lions. Enfin, le polyvalent trois-quarts australien Kurtley Beale, touché au tendon d’Achille en juin dernier, disputera bien le prochain Super Rugby avec la Western Force. La franchise basée à Perth l’a annoncé ce vendredi. Voici les informations qu’il ne fallait pas manquer avant ce week-end.

La Rochelle-Leinster : retrouvailles entre vieilles connaissances

L’affiche a fini par devenir un classique de la compétition. Chaque année depuis 2021 désormais, Rochelais et Leinstermen ont l’habitude de croiser le fer en Champions Cup. Et pendant longtemps, les Maritimes, doubles vainqueurs de la compétition, ont été, à juste titre, considérés comme la bête noire des Dublinois.

En 2021, alors en demi-finale de la compétition, les partenaires de Grégory Alldritt venaient à bout d’Irlandais sans solutions, dans un Deflandre incandescent (32-23), privant les plus grands suiveurs de la compétition d’un épilogue attendu entre le Leinster et le Stade Toulousain. La saison d’après ? En finale, au Vélodrome, les hommes du président Merling réalisaient une partie sensationnelle, pour inscrire l’essai de la gagne au bout du suspens sur la sirène, au terme d’un scénario hitchcockien (24-21). La Rochelle s’adjugeait alors son premier titre sur la scène continentale. Et comme si cela ne suffisait pas, les deux formations se retrouvaient au même stade de la compétition, un an plus tard, à l’Aviva Stadium, dans l’antre des hommes en bleu. De cette rencontre, on retiendra qu’elle restera inscrite à tout jamais au panthéon du rugby européen et que les Rochelais, menés 17-0, puis 23-7, ont sûrement écrit ce 20 mai 2023, l’une des plus belles pages du microcosme rugbystique français et l’un des plus gros exploits de la balle ovale hexagonale. Un succès 26 à 27 au terme d’une remontée sublime, qui a définitivement fait basculer La Rochelle dans la cour des grands.

Mais depuis la saison dernière, les coéquipiers de Jamison Gibson-Park ont peu à peu retrouvé de leur superbe et repris l’ascendant sur les protégés de Ronan O’Gara. L’an passé, ils s’imposaient sur la pelouse rochelaise en phase de poule, sous une pluie diluvienne (9-16). Avant de ne faire qu’une bouchée de ce même adversaire en quart de finale face à des Maritimes alors loin de leur meilleur niveau (40-13). Dur.

Alors ce dimanche (16h15), à Marcel-Deflandre, il sera question de revanche. Le Leinster, équilibrera-t-il les comptes (3 victoires, 3 défaites), ou les Rochelais reprendront-ils une longueur d’avance (4 victoires, 2 défaites) ? Peu inspirés ces derniers temps en championnat, les partenaires de Tawera Kerr-Barlow ont assuré en Champions Cup et semblent se servir de cette compétition pour s’oxygéner les esprits. Avec deux victoires, contre deux cadors de Premiership, à Bath premièrement, et une autre à domicile, bonifiée contre Bristol, les Maritimes ont quasiment assuré leur qualification. Il sera désormais question de se tester face à ce qui se fait de mieux en Europe et conserver cette première place. Le Leinster est lui aussi invaincu et se partage le fauteuil de leader de la poule 2 avec son hôte du jour. Ce sera une question de suprématie. On a déjà hâte.

Toulouse : face aux Sharks, bien plus qu’un simple match

Le Stade Toulousain, impérial leader de sa poule en Champions Cup, talonné par l’UBB, mais devant à la différence de points, se déplace en Afrique du Sud, à Durban pour y défier les Sharks ce samedi (coup d’envoi 16h15). Plus qu’un simple match de rugby. On vous explique.

Parti en début de semaine, aux antipodes du globe, les Toulousains n’ont pas communiqué sur leur séjour sud-africain. Pas une photo, pas une déclaration avant ce vendredi. Rien. Dans un premier temps, la place fut laissée au recueillement. Les Haut-Garonnais se sont rendus au Cap, sur la plage où a disparu le jeune Mehdi Narjisii, en août dernier, emporté par les vagues alors que l’équipe de France des moins de 18 ans préparait un tournoi international. “Un devoir de mémoire“, déclarait aujourd’hui, Antoine Dupont, en conférence de presse. Un hommage discret mais nécessaire. L’émotion passée, il sera question de rugby. Voire plus. Sûrement d’orgueil aussi. Car si Ugo Mola a laissé ses cadres au repos face à La Rochelle, c’est bien qu’il avait coché ce déplacement en Afrique du Sud.

Outre le plan comptable, et cette volonté de finir meilleur premier, une certaine rivalité est alimentée sur les réseaux sociaux, depuis ce quart de finale perdue par la France face à l’Afrique du Sud. Bon nombre de supporters sud-africains ne jurent que par leurs compatriotes et affirment, à tout bout de champ, qu’Antoine Dupont, n’est pas le meilleur joueur du monde, plébiscitant des Kolbe, Du Toit ou Etzebeth. Si cela reste bien évidemment anecdotique, cette rencontre, pourra permettre aux supporters des deux camps de se mettre d’accord. Sans parler de cette petite guéguerre entre supporters, c’est surtout un énorme choc, et l’opportunité pour le champion en titre, d’asseoir son emprise sur un nouveau continent. Et d’essayer de maintenir ce rythme effréné. Car l’UBB, en déplacement à Exeter, devrait, sauf surprise, prendre cinq points et continuer à truster les sommets de la Champions Cup.

Enfin, avec la moitié de l’équipe de France d’un côté, et une partie des Springboks de l’autre, forcément et même si les joueurs essaieront de ne pas y penser, il y aura, malgré tout ce qui se dit, de la revanche dans l’air. À Antoine Dupont de conclure : “Il n’y a pas d’histoire de revanche, mais inconsciemment, une part de nous y pensera“.

Garbisi vs Smith : duel d’internationaux

Gros choc ce dimanche (14h) à Mayol. Toulon, premier de sa poule et invaincu reçoit les Harlequins troisièmes (1 victoire, 1 défaite). Si leurs jeu reste toujours aussi flamboyant, les Quins, ont en revanche, davantage de mal à faire fructifier les belles velléités offensives sur le plan comptable. Septièmes de Premiership, les partenaires d’Alex Dombrandt restent tout de même de redoutables adversaires. Et les Varois le savent. Les joueurs de la Rade, en cas de succès, pourraient s’ouvrir un calendrier favorable pour la suite de la compétition.

L’occasion de se pencher sur un duel explosif. On aurait pu vous citer celui entre les deux numéros 8, Facundo Isa et Alex Dombrandt. Finalement, nous avons choisi de nous pencher sur deux internationaux, demis d’ouverture, qui se retrouveront prochainement lors du tournoi des 6 Nations. D’un côté, l’Italien de Toulon, Paolo Garbisi, de l’autre Marcus Smith, ouvreur du XV de la Rose. Smith, on ne vous le présente plus. Véritable phénomène offensif, il a basculé dans une nouvelle dimension depuis quelques mois au point d’être sûrement, l’un des meilleurs numéros 10 de la planète rugby. Son appétence pour l’attaque, bien loin du flegme anglais, en font un danger permanent, Un pétit génie en somme. Garbisi de son côté, a su s’affirmer comme le titulaire au poste dans les travées de Mayol. Et ce, malgré la concurrence de la légende galloise Dan Biggar ou d’Enzo Hervé. Ses dix matchs, dont huit comme titulaires toutes compétitions confondues avec le maillot rouge et noir (il a disputé la tournée d’automne avec l’Italie), en témoigne. Bonifié par un Baptiste Serin actuellement en feu, le prodige italien aura fort à faire. Il se sait attendu, et devra mener d’une main de maître la partie s’il veut qualifier son équipe en huitième de finale.

Anthony Bouthier, de retour à la compétition

Anthony Bouthier, va enfin refouler les terrains de rugby. Victime d’une rupture des ligaments croisés il y a maintenant neuf mois, l’arrière international français aux 8 sélections va mettre fin à son long calvaire ce samedi, avec la réception des Lions (18h30). Titularisé avec le numéro 15 dans le dos face aux sud-africains, le natif de Pouillon, régénéré, a désormais hâte et souhaite profiter. C’est ce qu’il expliquait, dans des propos rapportés par Midi Libre : « Je rejoue ce week-end, c’est du passé. C’était la plus grosse blessure de ma carrière. C’était dur au début mais je l’ai plutôt bien appréhendé. J’ai vu le positif. De toute façon, je n’avais pas le choix. Finalement, physiquement et moralement, ça m’a fait du bien de couper, de penser à autre chose. En plus, c’est tombé l’été, une période que j’ai pu vivre différemment de d’habitude. Ça m’a presque fait du bien. Mais maintenant, j’ai hâte. »

Et comment ne pas le comprendre. Le joueur de 32 ans, revient presque au meilleur moment, au sein d’une équipe métamorphosée, totalement relancée dans la course à la qualification en championnat, et faisant partie des favorites au sacre dans cette Challenge Cup, en attendant les équipes reversées. Montpellier, après s’être imposé de justesse dans un premier temps sur la pelouse de Newport (14-18), a ensuite étrillé les Ospreys au GGL Stadium (59-15). Et Bouthier, qui a déjà remporté cette compétition en 2021, lui également champion de France en 2022, souhaiterait remettre le couvert. Mais avant toute chose, il faudra dans un premier temps, retrouver des sensations. Et surtout, faire face à une rude concurrence pour regagner sa place. Pour pallier son absence, Stuart Hogg est arrivé comme joker médical. L’Écossais, sûrement l’un des meilleurs numéros 15 de la dernière décennie, a davantage été utilisé à l’ouverture et semble désormais installé à ce poste. En revanche, le Néo-zélandais Josh Moorby est arrivé. Une concurrence qui n’effraie pas le principal intéressé : « C’est le haut niveau, tant mieux. L’émulation, c’est bien. Quand je les ai vus arriver, ça m’a convaincu de revenir encore plus fort. Maintenant, à moi de faire le boulot ».

Celui qui sera en fin de contrat à l’issue de la saison espère désormais apporter sa pierre à l’édifice. C’est en tout cas une bonne chose, de le revoir enfin sur les terrains.

Kurtley Beale, une année de plus

Le magicien est de retour. Kurtley Beale, c’est avant tout un talent hors-norme, un artiste comme en retrouve peu, symbole, de cette génération australienne de surdoués, qui auraient dû tout écraser sur son passage. Avec Quade Cooper et James O’Connor, il formait un trio aussi magnifique qu’ingérable, dont les frasques hors des terrains ont peu à peu terni leurs idylles respectives avec l’équipe nationale. Après un passage au Racing 92 (2020-2022), l’arrière (1m84-96kg) rentre au pays et s’engage avec les Waratahs, dans le but de disputer la Coupe du Monde 2023 en France. Accusé d’agressions sexuelles, il ne jouera pas de l’année 2023, la province de Nouvelle-Galles du Sud mettra un terme à son contrat avant même que le joueur n’ait disputé la moindre minute, et Beale voit dès lors ses rêves de Mondial s’envoler.

Finalement innocenté par le tribunal, le natif de Blacktown, dans l’agglomération de Sydney, signe un contrat avec la Western Force. Après avoir retrouvé des sensations, il est de nouveau appelé avec les Wallabies, pour disputer la tournée d’été. Mais énième tuile, une rupture du tendon d’Achille lors d’un match avec le club de Randwick, le prive de ce come-back sous la tunique Green and Gold. Voilà, où on avait laissé le joyau australien.

Mais ce vendredi, on apprend que le polyvalent trois-quarts a resigné avec la Western Force. Le club l’a annoncé via un communiqué : « Beale a eu un impact majeur à la Force l’année dernière […] Impressionnant lors des sept matchs qui ont conduit à un rappel chez les Wallabies […] Il a ajouté du leadership sur et en dehors du terrain, sa voix s’avérant inestimable pour la ligne arrière. » Avant de poursuivre : « Beale a subi une blessure au tendon d’Achille plus tard, en juin, en jouant pour Randwick dans le NSW Shute Shield, contrecarrant ses aspirations internationales pour 2024. La Force a maintenant offert à Beale une chance de réhabiliter la blessure avec un contrat pour 2025, une fois qu’il sera prêt et disponible. »

Une bonne nouvelle donc tant pour le joueur que pour les puristes de ce jeu, qui reverront le joueur sur les pelouses d’un Super Rugby qui débute le 14 février prochain. Beale de son côté, s’est enthousiasmé, toujours sur le site de sa formation : « Je suis vraiment reconnaissant de l’opportunité que la Force m’a offerte, à moi et à ma famille, de poursuivre ma carrière de rugbyman […] Je suis motivé à l’idée de revenir jouer pour la Force et de les aider à se qualifier pour les phases finales. Sur le plan personnel, je veux revenir dans la meilleure forme possible pour avoir le plus grand impact sur l’équipe. » Beale, encore convalescent et qui a déménagé avec sa famille à Perth, va maintenant tenter de retrouver peu à peu son niveau. Avec en ligne de mire, un retour chez les Wallabies ? Le joueur, aux 95 sélections, s’était fixé comme objectif de devenir le premier aborigène à franchir la barre des 100 sélections avec la sélection australienne. À 36 ans, la tâche s’annonce compliquée, surtout que Tom Wright, l’actuel arrière en équipe nationale, sort d’une tournée d’automne de très haut niveau. Mais avec ce genre de génie du rugby, plus rien ne nous surprendrait.