Ce jeudi en conférence de presse, Fabien Galthié n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. L’homme fort des Bleus craint particulièrement cette équipe d’Afrique du Sud qu’il juge comme “la meilleure équipe qu’on n’ait jamais affrontée depuis sept ans“. Et en y regardant de plus près, difficile de venir contredire les propos du sélectionneur.
Encore lauréats du dernier Rugby Championship, les Springboks sont les meilleurs au monde, indéniablement. Mais Galthié a poussé encore un peu plus ses propos en affirmant que cette équipe, était peut être la plus grande de tous les temps, “la meilleure qui n’ait jamais existé“. Alors ces paroles nous ont interpellées et encore une fois, et même s’il est toujours difficile de comparer les époques, les mots de l’ancien coach du RCT ont du sens.
Une montée en puissance lors du dernier Rugby Championship
Il faut l’avouer, ces Boks font peur. Car ils “sont en capacité de développer leur réservoir“, comme le précise Galthié, avec un vivier toujours plus exceptionnel. Les joueurs d’un pack d’une densité rarement vue dans l’histoire de ce sport prennent certes de l’âge, mais ces derniers ne semblent pas en perte de vitesse, bien au contraire. Et si l’un d’entre eux venait à tirer la langue, Rassie Erasmus n’aurait aucun mal à le remplacer par un élément tout aussi performant.
Et comme évoqué dans plusieurs analyses, l’Afrique du Sud sans se renier, a su également développer un jeu de trois-quarts attrayant, portée par des trois-quarts de grand talent. On ne présente plus le phénomène Sacha Mngomezulu mais le prodige du Cap n’est pas le seul.
Cobus Reinach se bonifie avec le temps et a délogé Grant Williams de sa place de titulaire. Damian Willemse a retrouvé un niveau stratosphérique, la paire de centres reste solide et que dire des innombrables ailiers supersoniques qui poussent comme des graines. Alors certes, la Nation Arc-en-ciel a balbutié son rugby en ouverture du Rugby Championship face à l’Australie à deux reprises puis lors de la première rencontre contre les Blacks. Mais une fois la machine lancée et cette déculottée historique infligée à Wellington aux hommes en noir (10-43), plus rien n’a semblé pouvoir arrêter les partenaires de Siya Kolisi. Rendez-vous compte, sur les quatre derniers matchs, les Sud-afs ont inscrit 200 points tout rond, soit 50 unités de moyenne !
En gros, si cette équipe, est sur le toit du monde depuis 2019 (vainqueur des Coupes du monde 2019 et 2023), elle semble cette année encore plus forte. Pourquoi ? Car elle a su garder cette ossature tout en y rajoutant des joueurs qui ont encore un peu plus élevé le niveau de l’équipe. Mais de là à dire qu’elle est la meilleure de l’histoire, pas sûr.
La Nouvelle-Zélande 2015 plus forte ?
Peut-être qu’en déclarant ceci, Fabien Galthié veut décharger ses joueurs de toute pression du résultat. Car il suffit de remonter à une dizaine d’années en arrière, pour retrouver trace d’une formation tout aussi voire plus terrifiante. Elle ? C’est bien évidemment la Nouvelle-Zélande de 2015.
Les coéquipiers de Dan Carter paraissaient inarrêtables. Avant de se présenter au Mondial de cette même année en Angleterre, les All Blacks restaient sur une série de 9 victoires sur les 10 derniers matchs. Seule l’Australie, à quelques jours de la Coupe du Monde, avait réussi à faire chuter cette équipe insubmersible à Sydney (27-19).
Derrière, la Nouvelle-Zélande, qui dégageait une impression de sérénité incroyable, avait bien évidemment été sacrée championne du monde, balayant notamment les Français en quart (62-13) et parachevant leur parcours parfait par une victoire en finale contre une Australie pourtant au sommet de son art, dans ce qui est peut-être encore aujourd’hui, l’un des plus beaux matchs que ce jeu nous ait offert (34-17). On retrouvait des Brodie Retralick, Sam Whitelock, Jerome Kaino, Richie McCaw, Kieran Read, Aaron Smith, Dan Carter, Ma’a Nonu, Conrad Smith, Ben Smith ou les ailiers de feu Nehe Milner-Skudder et Julian Savea.
Alors non, nous ne nous avancerons pas comme Fabien Galthié en affirmant que l’équipe d’Afrique du Sud qui se présentera ce samedi soir sur la pelouse de Saint-Denis, est la meilleure de l’histoire du rugby. Mais une chose est sûre, pour qu’elle entre dans ce type de débat, c’est qu’elle est une réelle armada et nos Bleus y seront confrontés. Mais ces derniers ont les ressources pour relever ce défi.
Biberonné au rugby, tombé malade de ce sport lors de la Coupe du Monde 2003, alors que je savais à peine marcher, je suis le seul sudiste ayant renié le Stade Toulousain pour l’autre Stade… Français. Condamné à souffrir avec mon club de cœur, j’espère vous transmettre mon amour pour la balle ovale à travers XV Ovalie !